
J’accorde tant de valeur au travail, il me donne tant de plaisir, et j’ai si fortement conscience du caractère
inexorable du temps qui s’écoule que j’en viendrais à me sentir angoissée d’aimer autant dormir et rêver.
Heureusement, j’ai compris qu’il ne s’agit absolument pas d’inactivité, et qu’il est tout à fait capital
pour la qualité de mes jours d’accepter la qualité de mes nuits.
Depuis, j’accorde plus d’importance au grain de mes draps, à la plume de ma couette, au spectacle de mon lit,
qu’il soit bien rangé ou aimablement défait… et ce contexte raffiné m’aide à plonger dans l’univers
du sommeil profond pendant lequel j’imaginais si fort « perdre mon temps », et dans celui des rêves dont j’aime
à m’inspirer de ces bribes étranges qui veulent bien remonter à la surface de ma conscience.
Je sais maintenant que « dormir sur un problème » pour mieux le résoudre n’est pas un vain mot,
je sais que l’idée qui ne vient pas aujourd’hui viendra à qui sait patienter jusque demain…
comme si c’était le sommeil qui se mettait à l’œuvre pendant notre absence.

















