« Zellige » signifie carrelage en arabe, tous les carrelages. Mais par ignorance du vrai sens du mot, nous avons réduit l’usage du mot aux
carreaux traditionnels de Fès en terre cuite émaillée et taillée. Ce glissement du sens me trouble à peine alors que je connais maintenant le sens complet de ce mot. Comme si tout était soudain résumé dans un simple carré de couleur où la singularité de chaque pièce s’exprime le mieux dans la version la plus simple, plus moderne que l’usage traditionnel en mosaïques multicolores : celle d’une surface « monochrome », où rien ne vient distraire l’esprit du jeu subtile des variations de la couleur. Pas d’anecdotes, seulement une très ancienne technique, très artisanale et parfaitement illustrative de tous les défauts de fabrication que l’industrialisation a cherché à faire disparaître,
à force de rationalisations toujours plus lucratives. Là où un carreau industriel maintenant arrivé à la perfection de réalisation respire l’ennui et la monotonie, le petit zellige de Fès tout cabossé, tout imparfait, tout comme nous plein de défauts et de repentirs, nous touche.
Comme si, à vouloir tout contrôler, nous avions perdu l’essentiel de la magie.