Fabrication

Ces ouvrages sont imprimés sur mesure dans nos ateliers à Bruxelles.
Et, entre la mise au point d’un projet personnalisé et son impression, le travail à fournir n’a rien de commun,
hors le nom, avec les rouleaux fabriqués par milliers de mètres à la machine.

La taille du motif est prédéfinie et ne peut donc être changée.

La largeur du papier est de 106cm ou 85cm.

La plupart des motifs sont des silhouettes ou des ombres chinoises imprimées en une couleur sur un fond.
Le choix des couleurs est extrêmement large puisque nous utilisons notre collection de peintures.
Ce qui offre une affolante possibilité de choix avec une combinaison de deux couleurs parmi
nos 81 couleurs et nos 112 couleurs de dégradés (mélange d’une couleur de la gamme avec du blanc).
Quelques motifs peuvent aussi être imprimés en 3 couleurs.

Quant à la manière de disposer les motifs sur le papier, c’est à l’acheteur d’en jouer.
En effet, la méthode artisanale d’impression permet de choisir la disposition à chaque impression.
Certains motifs se prêtent plus que d’autres au jeu des variantes radicales
comme les « Petits Pois Chinois » ou les « Grosses Fleurs ».
Mais tous, et c’est sans doute cela qui fait leur originalité par rapport aux papiers peints industriels, peuvent être savamment mis en scène
et en valeur par ces respirations que constituent les espaces unis non imprimés. C’est également ce qui permet d’utiliser, sans crainte
du « raccord » qui tombe toujours mal, des motifs de très grande taille qui se trouvent adaptables à presque toutes les situations
particulières par le jeu des parties unies. Certains motifs peuvent se travailler en panoramiques, d’autre en composition.
D’autres enfin plus classiques en frise ou en continu. Nous avons d’ailleurs plutôt tendance à les utiliser d’une manière plus
contemporaine, par touches précieuses plutôt que dans un continuum parfois un peu étouffant.

 

« SCREEN » :

Nous avons familièrement nommé « screen » les pans de tissus que nous imprimons au cadre.
Le mot peut se traduire par « écran » et fait allusion à la très fine toile utilisée pour distribuer la couleur du motif sur le tissu.
« Screen » signifie également paravent ou encore rideau, et mon dictionnaire d’anglais affirme qu’il abrite, protège et filtre.
Toutes ces significations parallèles me confortent dans notre appellation spontanée puisque toutes convergent
vers l’usage que nous avons choisi de développer.

Ce procédé est si artisanal par rapport à la fabrication actuelle des impressions sur tissus que j’éprouve exactement le même
soulagement que lors de la révélation de l’infinité de possibilités soudain offertes par la fabrication plutôt archaïque des
carrelages de ciment. Plus besoin de compter par milliers de mètres la moindre production d’un motif ou d’une couleur.
Nous, qui avons tout, ressentons l’usure de ces objets démultipliés à une échelle qui nie notre individualité. Mais nous vivons
dans ce monde là. Aussi nous voulons parfois confusément moins de « choses », car nous sommes étouffés par
l’envahissement des produits. Mais nous voulons aussi des « choses » qui vieillissent mieux et dont on se lasse moins.
Nous savons bien que ce qui n’est pas trop galvaudé devient précieux et le choix de moyens de production qui peuvent
sembler obsolètes à la raison économique occidentale n’est donc pas du tout un choix innocent.

Texte écrit pour présenter les débuts de notre atelier d’impression en mars 2001

Extrait de « Autour des tissus » fascicule 5 du livre
“By Agnès Emery Par Agnès Emery”