2004 Marrakech

March 2004
THE WORLD OF INTERIORS
Marie-France Boyer
Photography : Eric Morin

 

Plus d’images de ce lieu
Photos : Emery&Cie

 

UNE MAISON AU MAROC :

… Elle est devenue plus secrète, d’ailleurs les bruits de la rue omniprésents dans la première maison dont une des chambres formait un pont sur la rue ont été remplacés par un silence magique seulement interrompu pas le chant des oiseaux ou l’appel de la prière. Elle se cache au fond d’un dédale de ruelles si étroites et si peu fréquentées que s’y rendre donne un instant l’illusion d’un parcours initiatique. Son seul contact avec le monde extérieur est la porte de rue. Une fois à l’intérieur le couloir à angles répétés prolonge encore l’effet de protection. Quand on débouche enfin dans la cour bleue et verte on est déjà très loin de la ville rose. Car d’abord je voulais une sensation de fraîcheur, je voulais un jardin. Mais, à part les quatre orangers traditionnels, je voulais un jardin imaginaire. Or précisément ça tombe très bien, puisque je suis l’heureux maître d’une impressionnante collection de carrelages en ciment à motifs dans laquelle j’ai pu puiser pour construire mes parterres de fleurs et de feuillages, et mon bassin grouillant de poissons.
Tout autour de la cour, les pièces vertes sont les pièces les plus fraîches de la maison, on y vit donc surtout l’été quand la chaleur est accablante. Les murs de la cour sont d’un bleu ombreux tout à fait insolite à Marrakech, j’en conviens, mais qui dispense une sensation de fraîcheur et d’espace qui procure un contraste bienfaisant avec la ville. A la terrasse, le bleu devient clair dans l’espoir un peu dérisoire de se fondre dans le ciel, car essayez donc de piéger le bleu du ciel avec une bande d’ouvriers peintres que cette expérience rend légèrement goguenards, et à la chaux en plus, une mission impossible puisque le ciel change constamment ! Parfois la magie s’accomplit soudain parfaitement : les murs disparaissent, le ciel est entré dans la maison. Mais, le plus souvent, l’effet est seulement d’effacer un peu l’enfermement des murs au profit d’une sorte de paysage serein et vide qui repose du chaos des souks et des agitations quotidiennes. …

Extrait de « Une maison au Maroc» fascicule 4 du livre
“By Agnès Emery Par Agnès Emery”