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FINAL à VENISE :

Ce livre est une conséquence du premier confinement imposé par une pandémie et du temps rendu soudain si étrangement distendu. Le luxe d’un voyage intérieur, si appréciable après de longues années d’agitation. D’ailleurs depuis que le rythme des confinements et des déconfinements a laissé le travail doucement reprendre sa place, j’éprouve quelques difficultés à y revenir. Or il manque un dernier texte à l’équilibre de la succession des images et des mots.

Et c’est à Venise que le premier voyage depuis plus d’un an me permet de prendre un peu de distance avec la vie quotidienne  pour conclure la parenthèse du livre. Tandis que j’y travaille sur la terrasse l’improbable se produit, c’est la Sensa qui se prépare exactement sous mes yeux, la cérémonie de mariage de Venise avec la mer qui a lieu chaque année depuis plus de mille ans. Pas de quoi cependant imaginer comme sur les tableaux l’apparition du Bucentaure, vacillante galère dorée qui convoyait le doge, le prélat et les autorités de la ville, ni la centaine de gondoles. Décadence et virus obligent, il y a sept gondoles en tout, y compris celle des mariés et la noire de l’amiral. « Ti sposiamo mare, in segno di vero e perpetuo dominio », et qui domine qui dans cette affaire ? La question reste ouverte mais la mer semble doucement s’imposer. Cependant, cette perpétuation toute symbolique d’un antique rituel, même dans un avatar dérisoire, reste touchante. A moins que cela m’amuse parce que j’y retrouve un peu ma propre histoire dans ma lutte pour glorifier l’artisanat, un mode de production devenu obsolète ?

Ce n’est que l’histoire d’un livre de plus, alors qu’il y en a déjà trop. Trop de livres, trop de tout … Mais les livres m’ont tellement nourrie, et ce depuis mon enfance, qu’en écrire un me semble un hommage légitime à cette pratique presque obsolète elle aussi. J’ai dépensé beaucoup d’énergie à réaliser un site internet pour vendre mes produits. Et pour cela j’ai développé une manière de les présenter dans des petites mises en scène que j’ai photographiées au fil des jours, au point que c’est devenu pour moi un vrai moyen d’expression. Quant aux objets que j’ai créés, ils sont partis et partent encore chaque jour vivre leur vie partout dans le monde et c’est très bien comme ça. Alors un livre sur lequel on peut s’attarder un peu pour expliciter une démarche  derrière toute cette agitation m’a semblé bienvenu. D’ailleurs il m’a fallu pas moins de 6 fascicules, 647 pages et beaucoup de pages sacrifiées pour venir à bout d’une synthèse acceptable de cette longue pratique, tout en conservant à l’ensemble un caractère suffisamment désordonné pour en préserver toute la fantaisie.

Demain l’histoire continue, ceci n’est qu’un arrêt sur images.

Bruxelles, le 25 mai 2021
 

Extrait de « Conclure à Venise » fascicule 6 du livre
“By Agnès Emery Par Agnès Emery”