Vitrine de la boutique Agnès Emery | EMERY&Cie

Emery & Cie est né à Bruxelles en 1993 dans une petite maison du centre ville, …

Emery&Cie à Bruxelles depuis 1993

… où nous avons ensuite eu la chance d’investir très longtemps en « occupation précaire » les maisons voisines, …

Demeure décorée des créations Emery | EMERY&Cie
… dont une majestueuse demeure très délabrée que nous avons choisi d’occuper avec une certaine désinvolture,
une démarche très inusitée à l’époque, ce qui nous a valu d’être assez connus.

 

Déménagement de EMERY&Cie près du canal

Mais les « occupations précaires », même très longues, ont une fin, et en 2012 nous avons déménagé vers le canal …

EMERY&Cie dans un espace aménagé par Victor Horta

… dans un sublime espace créé par l’architecte Victor Horta, comme une parenthèse enchantée.

EMERY&Cie dans un lieu aménagé par Victor Horta

Malheureusement les temps ont changé, et il est devenu difficile d’occuper autant de m² sans y perdre son âme, …

 

Installation de EMERY&Cie dans un espace plus réduit près des entrepôts | EMERY&Cie

… nous nous sommes alors installés dans un petit espace à côté de nos entrepôts
pour concentrer notre énergie sur les ventes par internet.

 

Emery&Cie à Paris, La bastille depuis 1999 | EMERY&Cie

A Paris, nous sommes installés depuis 1999 dans le quartier de la Bastille.

 

EMERY&Cie à Londres depuis 2009 | EMERY&Cie

A Londres, depuis 2009 nous avons souvent déménagé,
… toujours à l’intérieur des locaux de RETROUVIUS.

Locaux EMERY&Cie à Londres

 

UN MAGASIN à BRUXELLES :

Le magasin dans le centre de Bruxelles, c’était un petit théâtre dans la ville. Avec ses vitrines, éclairées même la nuit, comme une mise en scène changée à chaque saison et offerte à tous les passants. Apparition toujours magique des couleurs et de la lumière dans une rue triste et grise cernée par un grand pont sombre plutôt inquiétant. La visite gratuite  du labyrinthe  des trois maisons rassemblées comme un puzzle plein de surprises où l’on pouvait se perdre sans surveillance et dont l’aspect un peu délabré accentuait encore le sentiment si poétique d’une effraction dans un monde parallèle. Un magasin certes, mais surtout une tentative un peu vaine de ré-enchanter la ville.

L’OCCUPATION PRÉCAIRE

Tout le monde sait bien que Bruxelles est considérée par les urbanistes du monde entier comme un exemple de ville « sinistrée », détruite par son développement. Curieuse ville que la nôtre… Cependant, c’est au cœur de cette ville que nous sommes installés et, forcément, elle marque nos idées et nos rêves de son empreinte. Il nous a donc semblé tout naturel, en fait très « Bruxellois », d’occuper  une grande maison voisine vouée à la démolition, dans l’attente de cette démolition. Dans un an et demie, peut-être. Cette maison porte toutes les traces de sa longue histoire, finalement elle aussi très bruxelloise. Derrière une façade anonyme et sale, on débouche sur un univers échappé d’on ne sait où, du début du XIXème siècle peut-être, il y a une cage d’escalier monumentale en bois sculpté, de beaux et grands espaces… le tout dans un état d’abandon total, voué aux couches successives de détritus laissés par des occupations plus que précaires. Et malgré l’abandon, un charme qui touche immédiatement qui y pénètre.

Au point d’avoir envie de lui offrir un dernier coup d’éclat. Mais dans un style « opportun », c’est-à-dire avec un minimum de moyens et en laissant les traces des ravages qui nous sont si  familiers à Bruxelles, comme les traces d’une histoire qui est la nôtre. Les espaces seulement dégagés et nettoyés, les murs peints de manière rudimentaire, voilà un terrain de jeu fantastique pour notre gamme de 49 couleurs ! Après, nous laisserons s’échouer nos objets dans cet environnement un peu détruit, qui finalement leur convient parfaitement. Car eux aussi hésitent entre somptueux et sauvage, ils trouveront donc là une place qui leur sied…

… Et la belle abandonnée revivra encore quelques temps. Combien de temps ? Cela, nous l’ignorons. Mais, après tout, nous sommes tous en « occupation précaire ». Faut-il pour cela vivre dans la crainte constante de la fin d’un bail ? Je préfère considérer que cette situation donne de l’éclat à tous les instants qui  restent…
Belle vie aux maisons, aux êtres humains, à la planète Terre… et à Emery & Cie !

Bruxelles, le 28 octobre 1997

LA  PROCEDURE  DE  CLASSEMENT :

…et alors…trois ans passèrent, beaucoup de monde avait visité la belle oubliée, si bien qu’un beau jour elle fut classée. La voilà donc protégée, sans doute, de la démolition. Restera-t-elle pour autant un lieu que tout le monde peut visiter ? Rien n’est moins certain, les lois de l’argent ont leur logique, et cette logique exige de trouver à ce lieu une occupation rentable. Ce qui signifie que notre occupation reste précaire parce qu’elle n’est pas rentable. Pour autant, elle reste  légère et poétique, telle que nous l’avons voulue et aussi telle que vous l’avez aimée … encore quelques temps.

Bruxelles, le 11 juillet 2001

LE CANAL

Et enfin vint l’histoire du canal car, un jour de 2012, il a quand même fallu partir. En effet, après 18 ans passés au centre de la ville tout près de la Grand-Place, le conte de fée économique d’un loyer dérisoire en occupation précaire a pris fin. Alors nous avons déménagé vers les rives du canal. Et voir soudain passer les péniches dans une ville à laquelle la présence d’un fleuve manque cruellement et dont la rivière est réduite à couler dans un égout était appréciable. Là, nous avions perdu notre rôle de petit théâtre dans la ville, mais nous avions gagné en atmosphère avec la lumière magnifique de l’eau. Il s’agissait d’un bâtiment industriel avec une belle verrière construit au tout début du XXe siècle par architecte Art nouveau Victor Horta. Et s’il avait beaucoup souffert et que la façade d’origine avait été complètement transformée, il avait conservé quelques beaux restes. Certes, seules les péniches profitaient encore du passage devant nos vitrines, et nos clients devaient se déplacer pour venir nous voir dans un quartier improbable à leurs yeux. Mais c’était un beau et grand projet que d’y poser notre baluchon bien que cette parenthèse fût un peu trop brève. Car entretemps le monde a changé et nous aussi. Pour réussir à continuer notre entreprise de ré-enchantement, nous nous sommes repliés sur nous-mêmes dans des espaces plus petits afin de nous déployer dans l’espace virtuel …même si ce que nous vendons est toujours bien matériel !

Extrait de « Un magasin à Bruxelles » fascicule ( du livre
“By Agnès Emery Par Agnès Emery”