Velours 100% coton Largeur :
1m40

130,00€ TVAc le mètre linéaire

L’échantillon format A4 : 3,50€ TVAc + frais de port

Convient pour rideaux et garnissages.
Confection sur devis.

 

                          3. VERT FEUILLE                                                              4. VERT BRONZE

LE  SENS  VELOURS :

Depuis toujours j’aime le velours, me réjouissant de le voir glorieux quand il était à la mode,
tout autant que d’être la seule à l’aimer quand il ne l’était pas.

Le velours raconte des histoires, son  pouvoir d’évocation est si intense que toujours des images surgissent : noirs sévères des portraits de riches bourgeois dans la peinture flamande du XVIème siècle, bleus frissonnants et jaunes soufrés habillant une scène mythologique aussi bien que la scène du pouvoir dans la peinture française du XVIIème siècle, somptueuses grenades décorant la robe d’une belle de profil sur un portrait Renaissance italienne, velours de Gênes ou d’Utrecht…

Tissu lourd de sens, donc.  Et comment ne pas évoquer à son propos  le sens du toucher, sa douceur quasiment animale sous la caresse. Or, ce tissu si bavard est aussi paradoxalement le tissu du silence, il absorbe les sons,  et il semble aussi absorber la lumière en créant des zones d’ombre et de mystère. Le velours est une richesse, et pas seulement parce qu’il fut souvent le tissu affiché par les riches avant de se trouver dans les loges de concierges, mais surtout parce qu’il nourrit l’imagination autant qu’il repose l’esprit,
qualités apparemment contradictoires qui définissent le comble du luxe à mon sens.

Et, puisqu’il est si  abondamment question de sens dans ce texte,  je voudrais insister sur un détail concret qui me semble capital à propos du velours, le sens des poils : je suis persuadée que la seule bonne manière d’utiliser le velours pour en magnifier toute la profondeur est à contresens. Utilisé dans le sens du poil,  il luit lamentablement comme une vulgaire satinette et perd toute la force de son identité si particulière. Utiliser ce noble tissu à contresens, donc à rebrousse-poil quand on le caresse de haut en bas, n’est finalement qu’un paradoxe de plus, pour ne pas me déplaire.

Le 24 septembre 2001

 

Extrait de « Autour des tissus » fascicule 5 du livre
“By Agnès Emery Par Agnès Emery”